Introduction au Terrier tibetain

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En tant qu'ancêtre de chiens de berger, on s'attendrait à la voir figurer dans le même groupe qu'eux. Eh bien non, il fait partie des chiens d'agrément et de compagnie, bien qu'appelé terrier, alors qu'il n'a ni l'apparence, ni l'utilité des terriers. Alors, son premier nom, griffon tibétain, était-il plus adéquat ? Il n'est pourtant ni un monstre mythologique ni un chien de chasse. Quant à cette appellation de "chien chrysanthème" qu'on lui donne parfois, et qui ferait de lui un chien potiche, qu'on pose là pour décorer, elle est si éloignée de son tempérament !
Notre terrier du Tibet est donc difficile à cerner, tout comme son histoire ancienne. On ne peut pas en dire plus que : il était employé comme chien de berger depuis des temps immémoriaux, et tenait aussi compagnie aux moines dans les temples. Heureusement, nous sommes mieux renseignés sur les circonstances de sa venue en Europe.
En 1926, soit environ à la même époque que pour ses cousins lhassa apso et shih-tzu, le Dr Agnes (Nancy) Greig rapportait, au terme d'un long séjour aux Indes (aux confins du Népal), trois terriers du Tibet. En 1931, le Kennel Club anglais décidait d'enregistrer la race "terrier du Tibet", avait lui-même inscrit sous ce nom les chiens de Dr Greig. Une autre souche prospéra ensuite en Allemagne, mais c'est surtout l'élevage de Lunéville de M. et Mme Downey, fondé en 1954 qui influença de façon déterminante la sélection moderne du terrier tibétain.
Son implantation en France est bien plus récente : un premier essai d'élevage eut lieu en 1949, il faut attendre trente ans de plus (1979) pour qu'une nouvelle portée voie le jour et que la race s'établisse pour de bon. La France est un des pays, après la Grande-Bretagne mais avant les États-Unis, où le terrier tibétain suscite le plus d'intérêt.


SON "LOOK"

Il paraît qu'autrefois, on confondait quelque peu terrier du Tibet what a faceet lhassa apso. Certes, il y a entre eux et sans nul doute une certaine parenté, mais, même en admettant que l'un était plus haut sur pattes et l'autre de proportions moins ramassées, ce sont deux chiens tout à fait différents.
En Angleterre, on a dit de lui qu'il faisait penser à une sorte de mini-bobtail, en France nous pourrions le comparer à un briard de poche. Encore qu'avec sa silhouette très carrée et sa queue portée sur le dos (on pourrait croire qu'il en est dépourvu), l'analogie avec le vieux berger anglais est plus frappante.
Un peu briard en miniature : est-ce à dire qu'il serait un petit berger des Pyrénées plus sophistiqué ? Sans doute, le tibétain a une apparence beaucoup plus "cosy", luxueuse, le pyrénéen reste typiquement rustique, mail il n'y a pas que cela qui les sépare.
Le terrier du Tibet est plus petit et plus léger, dans les chiffres et à l'oeil : sa taille est comprise, pour le mâle, entre 35 et 40 cm (à quelques millimètres près), son poids ne dépasse pas la dizaine de kilos.
Et puis sa fourrure est vraiment luxuriante et recouvre le museau, cache le regard. Remarquons encore que les oreilles sont tombantes.
Quant à ces coloris, tous ou presque (le marron est interdit) sont permis, depuis les unis (notamment le doré et le crème), jusqu'aux robes panachées de blanc (par exemple le noir et le gris), jusqu'au tricolore et au blanc pur (c'est tout au moins ce que dit le standard).
En bref, sans être le moins de monde excentrique, il a une silhouette tout à fait caractéristique, que nous apprendrons d'ailleurs à connaître de mieux en mieux dans l'avenir, tant il paraît assuré d'une diffusion relativement importante.
SA PERSONNALITÉ
Quand on dit chien tibétain, on est assuré qu'il s'agit d'une sacrée personnalité. Le "terrier" ne faillit pas à la règle. On peut se demander d'ailleurs s'il n'a pas été assimilé aux terriers, dont on connaît la réputation de fort caractère, justement du fait de son tempérament affirmé.
En Angleterre, traiter un chien de terrier est tout à fait flatteur. En France, on a tendance à associer terrier à nervosisme ou tout au moins agitation, entêtement, impudence. De ce point de vue, le terrier du Tibet est moins que jamais un terrier ! Il est gai, il est même sportif, mais il sait aussi être gentil et calme.
Il paraît qu'au Tibet, on le surnomme "petite personne". Ce qui doit signifier, à notre humble avis, que chaque terrier du Tibet est une individualité marquée. C'est ce qui explique que certains le trouvent exubérant, que d'autres lui attribuent une sérénité toute asiatique.
Les généralités ne vont donc pas à cette race, on peut seulement parler à son propos de dynamisme et d'indépendance. Il peut être très affectueux, s'attacher fort à son maître, sans devenir un chien "collant".
On a émis des doutes de la capacité à s'adapter à des familles avec enfants. C'est sans fondement. Les soins que nécessite sa splendide fourrure l'autorisent à entretenir des rapports privilégiés avec celui qui le toilette, ce qui peut entraîner des sujets dominants à "jalouser" les autres membres de la famille, à montrer un comportement exclusif.
SON ÉDUCATION
Le terrier du Tibet a peut-être tendance, plus souvent qu'à son tour, à faire ce qu'il veut d'un maître indulgent. Il faut à ce chien une éducation assez ferme, même s'il paraît bien petit pour justifier un peu de sévérité.
En revanche, on peut compter sur son extraordinaire mémoire et ses dons d'observation pour qu'il étonne chaque jour ses maîtres par la justesse de ses réactions. Plutôt réservé envers les inconnus, il est tour à tour hostile, indifférent ou poli et il n'a nul besoin de dressage pour se montrer à l'occasion un petit chien de garde. Il faut prendre en compte dans son éducation de son besoin d'activité physique ; un bout de jardin pour ses ébats peut être un avantage appréciable.
Le moindre des originalités de ce chien est donc qu'il est à la fois luxueux et sportif.
SON ENTRETIEN
Si vous ne voulez consacrer qu'un minimum d'attentions au pelage de votre chien, ne prenez pas un terrier tibetain. Ce n'est pas qu'il faille un tour de main particulier pour lui faire une beauté, il ne s'agit que de le démêler et de peigner.
Vu l'ampleur de sa fourrure, il ne faut pas cacher que ces brossages doivent être très réguliers et pas superficiels. C'est-à-dire qu'il ne sert à rien de lui donner un coup de peigne chaque jour, et qu'un toilettage bi-hebdomadaire consciencieux est bien préférable.
La fréquence de soins, pour lui comme pour les autres chiens à poil long, dépend de trois paramètres : tout d'abord, de sa vie quotidienne, s'il vit en ville ou dans un environnement champêtre ; et puis de son statut, chien de famille ou chien d'expositions; enfin, et c'est un point souvent sous-estimé, de ses origines. Pourtant, des éleveurs de bobtails à ceux de yorkshires, en passant bien entendu par les spécialistes du terrier du Tibet, tout le monde est d'accord, un chien de bonne origine nécessite souvent moins de soins, car sa lignée a été spécialement sélectionnée sur les qualités de la fourrure, son épaisseur, sa longueur et aussi sa capacité à ne faire trop de noeuds. Bien sûr, cette caractéristique n'a jamais fait partie des programmes de sélection, mais elle entre toujours en ligne de compte pour l'éleveur, même inconsciemment.
Comme tous les chiens tibétains, celui-ci fascine et ravit (au sens fort : il est de la race des ravisseurs). Il faut bien avouer que leurs partisans ont l'impression très nette qu'il s'agit de chiens à part, et pour tout dire, d'une élite au sein de l'espèce canine. Et nous qui aimons tous les chiens, nous devons bien admettre qu'ils ont, et le terrier du Tibet autant que ses cousins, quelque chose de particulier.
Gérard Sasias, A TOUT CHIEN

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