Mais voici qu'aujourd'hui la menace se fait beaucoup plus sérieuse, puisque ce ne sont plus seulement des cassettes que nous pouvons réaliser, mais des copies parfaites de nos CD, ainsi que de ceux de tous nos amis... et cela sans compter le format MP3! L'existence même de ces techniques laisse supposer qu'on va s'en servir, et il ne fait aucun doute que le phénomène se généralise aujourd'hui d'une façon tout à fait alarmante si on le considère du point de vue des maisons de disques.
Il ne s'agira pas ici de vous inviter à vous apitoyer sur le sort de Sony Musique ou d'Universal; mais n'y a-t-il pas lieu de réfléchir à cet avertissement auquel je faisais allusion plus haut, en le considérant dans le contexte des technologies d'aujourd'hui? Bien sûr que Céline Dion et Francis Cabrel, Julien Clerc et Renaud peuvent dormir sur leurs deux oreilles, on n'a pas à s'inquiéter outre-mesure pour eux; mais qu'en est-il des artistes moins connus, ceux dont les ventes se comptent en milliers ou en centaines plutôt qu'en millions? Poser la question c'est y répondre: le seuil de rentabilité pour l'enregistrement d'un nouveau CD par de tels artistes vient de monter d'un cran, avec des conséquences faciles à imaginer, et particulièrement pour la chanson d'expression française lorsqu'on considère le peu de cas que les multinationales du disque semblent en faire (voir aussi à ce sujet mon texte précédent).
J'aimerais bien pouvoir proposer ici une solution-miracle, je n'en ai pas, hélas! Mais je me demande bien si j'aurai l'occasion d'acheter un nouvel album d'Isabelle Mayereau (substituez à son nom celui d'un artiste que vous aimez bien)... et il ne me reste plus qu'à espérer que ma crainte de voir enfoncer un autre clou dans le cercueil de la chanson française ne soit qu'une fausse alarme.