STEPHEN FAULKNER
TESSONS D'AURÉOLE - (2000)
Impresarii IMP-01 - distribution Fusion III
durée: 37'21"

Stephen Faulkner vient de nous livrer un quatrième album en studio en vingt-cinq ans - on ne peut pas dire qu'il nous gâte! Pour vous faire une idée de cet album, commencez par oublier tout ce que vous savez de Stephen Faulkner: oubliez celui qui fut le compère de Plume au début des années '70, oubliez également ses trois premiers albums à saveur de «country». Car Faulkner nous présente ici une collection de chansons tout-à-fait personnelles, marquées d'une remarquable qualité d'introspection, dans lesquelles il jette un regard empreint de réalisme sur une carrière en dents de scie au cours de laquelle, il faut bien l'admettre, les «bas» ont été bien plus nombreux que les «hauts».

Onze des douze titres qui composent l'album sont de lui, la seule exception étant Je m' voyais déjà d'Aznavour, une chanson qu'on s'étonnera peut-être de trouver ici. Et pourtant, Faulkner réussit à la rendre parfaitement sienne - qui d'entre nous n'a pas «adopté» une chanson dans laquelle il a cru se reconnaître? Mais lorsqu'Aznavour la chante, c'est un numéro de music-hall dans lequel il crée un personnage, tandis que Faulkner lui donne la saveur du vécu en résumant sans complaisance une carrière qui n'a jamais été à la hauteur de ses attentes ni de son talent. C'est ce qui me fait dire que la chanson a beau avoir été écrite par Aznavour, l'interprétation que nous en donne ici Faulkner fait en sorte qu'en la chantant ici, il ne laisse aucun doute qu'elle nous parle de lui.

Je n'entends pas par ce qui précède minimiser la valeur des autres chansons de la collection; dès la première (L'étoile vagabonde), nous retrouvons Doris, dont Faulkner avait fait il y a vingt ans le sujet de ce que plusieurs considèrent comme sa chanson la plus réussie. Il y décrit l'existence de Doris - qui n'a pas changé - mais en y ajoutant presque timidement un «nous» qui laisse entendre que cette existence est aussi la sienne. Dans Daddy, ce sont ses racines musicales qu'il évoque: ce lien qui existait entre lui et son père et qui revit dans celui qu'il a avec ses propres enfants. À l'est d'Éden rappelle le titre d'un film de James Dean, celui qui incarnait la rébellion dans les années 50; mais Faulkner y dresse le portrait d'un rebelle contemporain, «sanglé de cuir, bardé de fer, comme un corbeau, vêtu de noir...», dont la vie n'a absolument rien à voir avec le romantisme évoqué par l'acteur aujourd'hui disparu.

Ces onze chansons donc, agrémentées à la toute fin d'un délicieux morceau instrumental (Funérailles gitanes), constituent un album intensément personnel, et témoignent d'une capacité d'introspection jusqu'ici insoupçonnée de la part d'un artiste qui nous révèle qu'il a su tenir, et de belle façon, la promesse de la chanson d'Aznavour: «Mais un jour viendra, je leur montrerai que j'ai du talent».

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LISTE DES CHANSONS:
  • L'étoile vagabonde
  • La perle rare
  • Capitaine projet
  • Alias Alias
  • Les briquets
  • Anatole
  • Daddy
  • Je m' voyais déjà
  • Troubadour
  • À l'est d'Éden
  • On a des ailes (mais on n'est pas des anges)
  • Funérailles gitanes