NOIR SILENCE (1996)
NOIR SILENCE
Disques MPV MPVCD-1353 - distribution Musicor
durée: 52'23"

Consacré «groupe de l'année 1996» lors du dernier Gala de l'ADISQ, Noir Silence nous propose ici un album aux textes cohérents et aux musiques résolument «rock» dont j'ai fait la connaissance lorsqu'un de mes élèves du secondaire en a fait le sujet d'un travail présenté en classe.

Martin Comtois - le jeune homme en question - avait choisi pour son exposé les chansons On jase de toi et En attendant de partir; la première traite sur un ton moqueur mais sans véritable méchanceté de l'incommunicabilité qui caractérise les relations entre parents et ados, tandis que la seconde aborde avec une remarquable maturité le thème du SIDA et prend la forme d'une lettre écrite à ses parents par une jeune victime de ce fléau contemporain, et ce fut presque malgré moi que j'ai dû me rendre à l'évidence que cette «musique du diable» de la génération de Martin pouvait véhiculer des messages tout aussi pertinents que celle des «peace and love» dont j'ai parfois la nostalgie.

La curiosité l'emportant, je me suis procuré le disque et j'ai vite fait de constater qu'il y avait là une collection fort intéressante de textes parfois frondeurs, parfois tendres qui traitaient tantôt de l'impatience des jeunes face aux vaches sacrées du monde de leurs aînés - les politiciens n'ont qu'à bien se tenir s'ils osent prêter l'oreille à Rien dans les mains, et la religion en prend pour son rhume dans À quel prix mon paradis?, tandis que Made in U.S.A. témoigne d'une saine méfiance envers nos voisins du sud - tantôt du quotidien comme c'est le cas dans Ma vieille «blues» de cuir, le tout empreint d'une intelligence peu commune dans la chanson d'aujourd'hui, peu importe l'âge de ses auteurs!

S'il fallait freiner quelque peu mon enthousiasme, il faudrait quand même que je vous dise que je ne comprends rien à l'apparente nécessité d'avoir une voix rauque comme celles de Boulet ou de Bigras pour être consacré «rockeur» officiel, et que les arrangements à saveur de guitare électrique finissent par tous se ressembler lorsqu'on a les cheveux qui grisonnent ou qui disparaissent... mais il suffira alors à Martin et à ses amis de me rappeler qu'il fut un temps - y a-t-il vraiment trente ans de cela? - où je faisais miennes ces paroles que Hugues Aufray avait greffées sur une mélodie de Bob Dylan: Sur vos routes anciennes / Les pavés sont usés / Marchez sur les nouvelles / Ou bien restez cachés / Car le monde et les temps changent.

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LISTE DES CHANSONS:
  • La mort est au rendez-vous
  • Rien dans les mains
  • Argent
  • V'nez pas jouer dans (l') mon dentier
  • Maintenant vieux
  • Cessez
  • On jase de toi
  • Exilé
  • À quel prix mon paradis
  • Made in U.S.A.
  • En attendant de partir
  • Ma vieille «blues» de cuir