TONTON GEORGES TRIO
BRASSENS, LE PINCE-COEURS (1998)
Éditions Célia 023802 - distribution Scalen [importation]
durée: 43'36"

Depuis la mort de Brassens en 1981 on n'a cessé de reprendre ses chansons; c'est Jean Bertola qui a pour ainsi dire lancé cette ronde d'hommages sans cesse renouvelée en publiant en '82, puis en '85, le «patrimoine Brassens», consistant en un bouquet posthume de chansons parfois inachevées que GB n'avait pas eu le temps d'enregistrer de son vivant. Depuis, nous avons eu droit à des collections de Renée Claude, de Renaud, de LeForestier (pour ne nommer que ceux-là)... sans oublier la compilation «Ils chantent Brassens» réunissant une quinzaine d'artistes. Chacun de ces albums était présenté sous le signe d'une remarquable fidélité à la manière et au souvenir du poète sétois, assortie de la touche personnelle des interprètes.

Aucun de ceux-là n'était allé cependant jusqu'à faire du répertoire Brassens sa seule raison d'être, comme le fait aujourd'hui le «Tonton Georges Trio», qui vient de nous offrir (après Brassens revu et incorrigible, publié en 1996) cette seconde collection. Sur fond de guitares et de contrebasse, le Trio ose s'éloigner, bien plus que ne l'ont fait la plupart des autres, de la «manière Brassens» pour construire des arrangements nouveaux et parfois étonnants des chansons du maître; ainsi réussissent-ils du même coup à faire la nique à ceux qui ne savent reconnaître en Brassens un mélodiste hors du commun, et à démontrer de façon on ne peut plus convainquante la richesse musicale des chansons... essayez donc de vous imaginer J'ai rendez-vous avec vous à saveur d'Andalousie, La fessée sur un rythme de tango, La non-demande en mariage servie à la sauce reggae! Et les vrais «Brassensophiles» n'auront pas manqué de remarquer dans la liste des chansons la présence d'un texte nouveau, mis en musique pour l'occasion par Philippe Charlot du TGT: il s'agit, bien sûr, du Pince-fesses, qui vient prendre sa place désormais parmi ses grandes soeurs! (N.B.: L'autre titre que ne reconnaîtront pas les inconditionnels de G.B., La valse de la mariée, est une composition instrumentale du guitariste Pierre Aparicio)

Pas une fausse note qui ne vienne ternir cet exercice de révision iconoclaste, pas une trace d'irrespect ni de lèse-majesté, mais plutôt un visage nouveau pour chacune des chansons: elles nous apparaissent ainsi sous un aspect moins familier certes, mais qui renouvelle le plaisir qu'on a à les écouter, en nous permettant de les redécouvrir et d'en connaître des facettes jusque-là insoupçonnées. La contrebasse de Jean-Pierre Lacroix, fréquemment jouée à l'archet, vient ajouter de riches sonorités, tandis que la guitare de Pierre Aparicio brode de fine dentelle les écrins dans lesquels les textes nous sont offerts. Et la voix de Philippe Charlot les interprète de façon bien personnelle, avec plus d'une petite surprise subtile au détour d'un accord familier.

Bien sûr, les visiteurs fréquents de «chez Hergé» n'auront pas manqué de reconnaître le préjugé favorable avec lequel votre serviteur accueille tout ce qui porte le nom de Brassens. Cela dit, vous auriez bien tort de bouder cet album sous prétexte que vous ne partagez pas mon engouement, car il s'agit d'un document musical d'une fulgurante originalité, qui forcera l'admiration même des plus irréductibles «Brassensophobes»!

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LISTE DES CHANSONS: J'ai rendez-vous avec vous Histoire de faussaire Si le bon Dieu l'avait voulu La fille à cent sous La fessée Le pince-fesses La complainte des filles de joie La marche nuptiale La valse de la mariée Une jolie fleur La non-demande en mariage